Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1493 – école du 4 octobre 2024
Au moment où j’écris ces lignes, les ministres Anne Genetet (Éducation nationale), Patrick Hetzel (Enseignement supérieur) et Alexandre Portier (Réussite scolaire et Enseignement professionnel) ont été nommés, et le SNALC devrait bientôt les rencontrer pour porter les revendications des collègues.
La situation est d’une très forte instabilité, comme nous le confient les députés qui nous auditionnent, et qui semblent s’intéresser de plus en plus aux organisations représentatives. Étonnant de voir que lorsque le politique est dans la tourmente et l’incertitude, les « corps intermédiaires » retrouvent soudain de l’intérêt. L’audition des syndicats représentatifs de l’éducation nationale — dont le SNALC — par les députés de la commission affaires sociales et éducation a d’ailleurs été étonnamment bienveillante. À peine une députée a-t-elle tenté de défendre l’indéfendable bilan de ces dernières années. Mais dans l’ensemble, beaucoup paraissent chercher des idées, des liens pour tenter de renouer le contact avec les gentils fonctionnaires, qui sont autant d’électeurs.
Qu’on ne s’y laisse pas prendre : on nous annonce dans le même temps l’apocalypse pour le budget 2025, des coupes claires dans les dépenses… et les dépenses, c’est vous ! Dommage pour celles et ceux qui avaient succombé aux sirènes du pacte : il faut déjà réduire la voilure. Une preuve encore du manque de constance qui caractérise notre ministère : on passe des mois, voire des années à mettre en place le « travailler plus pour gagner plus », tout ça pour expliquer après qu’il n’est plus possible de gagner plus. En revanche, il est toujours possible de travailler plus pour gagner pareil, voire pour gagner moins. C’est ce qu’on appelle le « choc d’attractivité ».../...
Les personnels ayant le centre de leurs intérêts moraux et matériels dans un D.O.M (Guadeloupe, Martinique,
Guyane, La Réunion, Mayotte), à St Barthélémy, à St Martin, à St Pierre et Miquelon, à Wallis et Futuna, en
Polynésie Française ou en Nouvelle Calédonie peuvent bénéficier des congés bonifiés.
Le régime des congés bonifiés permet aux fonctionnaires, sous certaines conditions, de bénéficier d’une bonification
de jours de congés pouvant s’accompagner d’une indemnité de cherté de vie, ainsi que d’une prise en charge de
leurs frais de voyage, pour se rendre dans l’une des collectivités territoriales précitées.
COMPTE RENDU DU SNALC – PREMIER DEGRÉ
L’ESSENTIEL
Toutes les organisations syndicales représentatives étaient conviées à une audience de rentrée. Après la présentation par chaque organisation d’un court bilan de la situation dans le premier degré, un certain nombre de questions ont été posées par les députés.
Il en ressort un constat globalement similaire partagé par les organisations syndicales :
Il connaîtra ses dossiers. Elle aura de l’ambition politique. Il aura mis ses enfants dans le privé. Elle voudra faire SA réforme. Il supprimera des postes. Elle ne trouvera pas de candidats. Il abrogera les groupes de besoin ou de niveau — il n’aura jamais réussi à comprendre la différence — en 6e et 5e. Elle placera le SNU sur temps scolaire. Il parlera du pilotage. Elle parlera de la gouvernance. Il écrira ensuite un livre sur le fait qu’il a été incompris. Elle deviendra ensuite directrice d’un groupe privé dans le numérique éducatif…
Une rentrée sans ministre, ce n’est pas courant, mais le SNALC tient à rappeler qu’il y a toujours des personnels, des élèves et des familles, et que le nom et la tête de la personne qui habite rue de Grenelle sont nettement moins importants que le fait de savoir s’il y aura un remplaçant en novembre pour le stagiaire qui aura abandonné le navire.
Certes, à l’heure où j’écris ces lignes, nous avons une « ministre démissionnaire » qui n’en finit pas de démissionner, à tel point qu’elle a tenu une conférence de presse de rentrée pour expliquer que tout était gelé, mais qu’au dégel, on allait voir ce qu’on allait voir. Ubu Reine.
Le SNALC, bien meilleur connaisseur du système éducatif que la farandole de ministres qu’il a vus passer, et aussi bien plus stable, sera toujours là pour rappeler que les ministres sont les personnes les moins nécessaires du ministère, et qu’un professeur, un AESH, un personnel administratif, de santé, social, de vie scolaire ou d’encadrement, a beaucoup plus de responsabilités et rend bien davantage de comptes. Ainsi, notre dossier du mois est consacré au fait de dessiner un syndicat plutôt qu’un ministre, car c’est par la voix d’un syndicat comme le SNALC que vous pouvez vous faire entendre et vous protéger.
C’est pourquoi pour nous, cette rentrée est placée sous le signe du nécessaire rattrapage salarial, de la crise d’attractivité et de la dégradation des conditions de travail, seules choses qui ont une réelle importance. C’est le message que le SNALC portera devant les députés de la commission des affaires culturelles et de l’éducation le 11 septembre prochain. C’est le message qu’il portera devant la prochaine entité à occuper le ministère, que ce soit le dahu, Batman ou le mouton à cinq pattes. En espérant que le prochain modèle sera doté d’un cerveau et d’oreilles ; le SNALC ne demande même pas qu’il ait une bouche : ça nous reposera.
En 2019, la loi Dussopt, loi n° 2019- 828 du 6 août 2019, a eu pour conséquence la suppression des compétences des CAPD en matière de gestion des carrières et de mobilité. En effet, elles avaient jusqu’alors la prérogative de regard, de contrôle et de vérification des décisions administratives concernant l’avancement, les promotions et les mutations. Désormais, le champ d’action des syndicats siégeant en CAPD est beaucoup plus limité.
Difficile de ne pas voir dans cette réforme profonde du dialogue social, un moyen pour l’administration de limiter le poids des organisations syndicales. Dans l’Éducation nationale, il faut reconnaître que l’objectif a d’abord été atteint ; bon nombre de collègues ont cessé d’adhérer à un syndicat, convaincus que « les syndicats ne servaient plus à rien ».
Mais force est de constater que la manoeuvre s’est quelque peu retournée contre le ministère, qui subit aujourd’hui l’effet pervers de cette loi Dussopt. En effet, suite à la suppression des CAPD relatives aux promotions et au mouvement intra-départemental, le manque d’informations et de transparence autour des décisions administratives a engendré une méfiance grandissante des enseignants à l’égard des décisions de l’institution soupçonnées de manquer d’équité. Dans un contexte tendu par ailleurs par de nombreux facteurs – manque de soutien de la hiérarchie dans des situations problématiques de plus en en plus fréquentes, relations compliquées avec les IEN, injonctions à travailler toujours plus sans compensation, atteintes à la liberté pédagogique –, les professeurs prennent conscience de l’intérêt d’être accompagnés tout au long de leur carrière.